Article publié sur le site de Marais-Louvre
Le 31 octobre à minuit a sonné la fin de partie pour les terrasses dites « estivales* » avec obligation de les démonter.
C’était sans compter sur l’ambiguïté d’une situation ubuesque qui vient d’apparaître au grand jour et que nos édiles ne pouvaient pas ignorer tant ils sont proches de la profession des cabaretiers. En effet, les Parisiens qui ont subi les nuisances liées à ces installations découvrent, atterrés, que nombre d’exploitants ont demandé à la mairie la pérennisation de leur terrasse. Or faute de pouvoir traiter les dossiers, instruits dans les mairies d’arrondissement, du fait de l’afflux de ces demandes ( il y en aurait 1 200), les accords ou refus tardant (la mairie aurait indiqué avoir émis 500 refus et 100 accords ?), les exploitants concernés attendent d’être fixés sur leur sort pour démonter le cas échéant leur terrasse. Pourtant selon les règles édictées ils n’ont pas le choix. Certains se plaignent d’avoir été verbalisés à tort et leur syndicat professionnel aurait saisi la mairie. N’en doutons pas néanmoins, les PV dont on nous annonçait qu’ils pleuvraient doivent se compter sur les doigts de la main!
Il est étonnant de se trouver dans un tel contexte après toutes les annonces dont on nous a rabattu les oreilles. L’amateurisme règne et fait désordre. L’impréparation marque cette affaire des terrasses depuis qu’elle a débutée. Nous sommes passés des terrasses « éphémères » aux terrasses « estivales* » et de nombreux exploitants veulent dorénavant les voir transformées en terrasses « permanentes ». Au train où vont les choses pourquoi ne pas attribuer toute la chaussée aux terrasses des bars. Ainsi la question des automobiles polluantes qui ne pourront plus rouler sera résolue une fois pour toutes ! A moins que le flou entretenu sur la question des terrasses depuis la sortie du 1er confinement, avec la rédaction à la hâte d’un nouveau règlement bâclé, procède d’un savant calcul, entourer ce dossier d’un halo pour mieux l’imposer face à la désapprobation de nombreux Parisiens.
Rappelons ici combien nous avons insisté sur l’avantage concédé à une seule profession tout autant aidée que les autres secteurs par l’Etat. Non contents d’avoir bénéficié de ces extensions de terrasses sur l’espace public et ayant pu ainsi reconstituer encore plus rapidement leur trésorerie (voire engager des travaux de rénovation), les débitants de boissons viennent de trouver un nouveau cheval de bataille, la pérennisation de leurs terrasses saisonnières. Ils auraient tort de ne pas le faire dès lors que la mairie, addictive à la fête, ne leur refuse rien…
Alors ne soyons pas étonnés du capharnaüm actuel qui règne à propos des terrasses, reflet d’un mode d’action dont les Parisiens subissent les effets au quotidien. Gagner du temps, faire croire aux administrés qu’ils sont écoutés et participent aux décisions ne sont en réalité que poudre aux yeux qui ne convainc plus grand monde. Cela devient désobligeant à leur égard car les ingrédients étant réunis, nous voyons poindre dans les semaines qui viennent une vague de transformations de terrasses « saisonnières » en terrasses « permanentes ». Les riverains seront une nouvelle fois les dindons de la farce!
* à noter que pour la Mairie de Paris, l’été dure 7 mois!
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