Non au chauffage des terrasses. Non aux terrasses hivernales.

Article mis à jour le 4/11/2021
Certains milieux parisiens bruissent, à l’approche de la saison froide, à l’idée que l’interdiction de chauffage des terrasses puisse être à nouveau retardée voire même tout bonnement annulée. Une véritable aberration écologique alors qu’on nous dit qu’il faut protéger la planète et au moment où le prix de l’énergie n’a jamais été aussi élevé! Tout un chacun peut se demander quel est le sérieux des textes de loi qui nous sont proposés si c’est pour ne pas les appliquer ou les changer avant qu’ils entrent en vigueur.

« Chauffer une terrasse, c’est comme si vous chauffiez votre appartement avec les fenêtres ouvertes. Il faut savoir qu’une surface de 12 m2 consomme autant qu’une grosse cylindrée qui parcourt 300 km. Jacques Boutault, maire écologiste du 2e arrondissement. (BFMTV, 25/11/2019)

Rappelons-nous, Barbara Pompili (ministre de la transition écologique), 3 semaines seulement après sa prise de poste gouvernemental (le 27 juillet 2020) avait décidé d’interdire, à partir du printemps 2021, les chauffages extérieurs sur l’espace public, c’est-à-dire sur les terrasses des bars et restaurants. Pour motiver sa décision la ministre avait déclaré : « On va imposer de fermer les portes dans les espaces publics. On ne peut pas climatiser la rue en plein été lorsqu’il fait 30 degrés et on ne peut pas non plus chauffer à plein régime des terrasses en plein hiver pour le simple plaisir de boire son café en terrasse en ayant chaud« . Emmanuelle Wargon, Ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée du Logement avait de son côté ajouté que cela représentait « un demi-million de tonnes de CO2 économisées chaque année » (déclaration à la matinale de CNews).

Après les terrasses estivales (7 mois quand même !) allons-nous avoir des terrasses hivernales (pendant les 5 autres mois) ?

Fort de cet engagement du gouvernement, les députés, crise sanitaire oblige à leurs yeux, contredisent les ministres en décidant de repousser cette interdiction au mois d’avril 2022. Mais ayant vraisemblablement exprimé auprès d’élus leur mécontentement face à cette décision, les exploitants exultent à l’idée d’une nouvelle prolongation. Prolongation qui, si elle se concrétise, aura des conséquences sanitaires environnementales et urbaines car en filigrane apparait, la ficelle est grosse, le maintien des terrasses dites « saisonnières » dont on nous avait promis le démontage à partir du 31octobre.

La loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique dans l’article art. L. 2122-1-1 stipule que « l’utilisation sur le domaine public de systèmes de chauffage ou de climatisation consommant de l’énergie et fonctionnant en extérieur est interdite« . Mais elle ajoute que « le présent article entre en vigueur le 31 mars 2022« .
L’Etat ne peut pas indéfiniment tarder à produire le décret auquel l’application de la loi est suspendue. Les lobbies des bars et restaurants et leurs amis brasseurs et alcooliers ne sont pas restés inactifs et ils tenteront manifestement de chercher un compromis à l’application de la nouvelle règle d’interdiction : 
– Atermoiements dans l’application de la loi alors que la lutte contre le dérèglement climatique fait urgence ?          
– Aides financières pour compenser le manque des bénéfices escomptés, alors que les bars et restaurants ont déjà bénéficié d’un traitement de faveur par rapport aux autres professions et par rapport à quantité de salariés ?
Quelle sera la décision gouvernementale ? On a hâte d’être fixés.
Voir l’article dans Libé : Où en est la loi interdisant les terrasses chauffées ?

En ce qui nous concerne, une telle décision ne pourra pas rester sans suite. Elle est en contradiction avec le droit européen, elle fait fi des riverains, dindons de la farce, partout dans l’hexagone où existent des terrasses. Il est hors de question de continuer à voir favorisée, une nouvelle fois, une profession qui, rappelons-le, n’est pas la seule à avoir souffert du Covid et a bénéficié comme tous les autres secteurs d’aides de l’Etat. Si cette mesure est prise, non seulement elle montrerait le renoncement des nos gouvernants aux grands principes environnements, notamment la nécessité de réduire la pollution atmosphérique, dont ils nous rappellent sans cesse les enjeux, mais ce serait une forme de ségrégation à l’égard des habitants, les laissés pour compte, qui souffrent de ne pas pouvoir dormir et qui imaginaient enfin pouvoir souffler durant la période des frimas. Hélas une nouvelle fois ils risquent fort d’être trompés par de vaines promesses et leur désenchantement s’exprimera d’ici quelques mois dans les urnes.

6 Comments

  1. Leblanc

    Quel scandale ces chauffages à ciel ouvert !!
    On utilise l’argent public pour subventionner laborieusement des économies d’énergie. Mais qu’on commence par interdire cette absurdité, ça ne coutera rien !

    Et quid de l’éclairage public toujours plus envahissant ? Les LED, moins consommatrices, sont devenues le prétexte à encore plus d’éclairage au lieu d’engranger les économies.

  2. anne

    Évidemment, ces terrasses sont une aberration écologique.
    Mais pour ce qui concerne notre lutte pour le droit au repos et le respect de l’espace public, ce qu’il nous faut, c’est surtout l’interdiction complète des terrasses. Ou au moins la fermeture à partir d’une certaine heure. En prenant en compte les besoins en sommeil des enfants et des vieux. A quelle heure doit se coucher un enfant ? Si c’est 20 heures, il faut que les terrasses ferment avant…

  3. Réseau Vivre Paris

    « Chauffer une terrasse, c’est comme si vous chauffiez votre appartement avec les fenêtres ouvertes, ça ne sert pas à grand chose et ça consomme beaucoup d’énergie pour rien. Il faut savoir qu’une surface de 12 m2 consomme autant qu’une grosse cylindrée qui parcourt 300 km. C’est énorme multiplié par le nombre de terrasses », argue Jacques Boutault, maire écologiste du 2e arrondissement. (BFMTV, 25/11/2019)

  4. Florence

    La COP 26 commence le 31 octobre et la France envisage d’autoriser le chauffage des terrasses des bars. Bel exemple d’incohérence !
    Mesdames et Messieurs les politiques résistez aux lobbies des bars, de l’alcool et du gaz réunis !

  5. Serge

    Cause commune entre ceux qui gouvernent la France et celle qui ne gouverne que Paris pour l’instant (et bien d’autres encore), comme c’est bizarre… Une même appétence pour les fruits du marché de l’alcoolisation distribués tous azimuts ? Comme c’est révoltant… Oui, on va s’en souvenir.

  6. Alix Cannamela

    Merci pour cet article.
    Quand donc prendra-t-on en compte CETTE ABERRATION ECOLOGIQUE QU’EST LE CHAUFFAGE DES TERRASSES?
    Il est choquant de voir que ce problème de gaspillage ne fait même pas sourciller , ni nos édiles parisiennes (voir le nouveau Règlement des Terrasses de juin 2021 ) , ni le Ministère dit « de la Transition Ecologique »
    Est-ce pour faire gagner encore plus d’argent aux bistrotiers ou pour que les clients puissent continuer à pourrir la nuit des riverains en restant le plus longtemps possible sur ces terrasses? Ce ne sont pas de motifs valables et il est urgent qu’une règlementation claire interdise complètement le chauffage en extérieur.
    En outre, vu le sort des habitants voisins des terrasses, il serait grand temps de ramener l’exploitation des terrasses à des heures plus normales, compatibles avec une vie urbaine « apaisée » (ce terme est si cher à Mme Hidalgo). Pourquoi donc , ne pas essayer une fermeture de toutes les terrasses à la tombée de la nuit, 21 h en hiver ,23h en été?

    Pour nous aussi, IL EST URGENT D’ AGIR! Montrons que nous sommes des éco-responsables et évitons d’être client des établissements aux terrasses chauffées et abusives !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

© 2024

Theme by Anders NorenUp ↑