La Mairie de Paris subventionne ses amis plutôt que la lutte contre les nuisances sonores

Les priorités de la Mairie de Paris sont claires. Le Conseil de Paris a alloué une subvention de 110 000 € au bénéfice des Pierrots de la nuit (AMUON) et 45 000 € seulement pour Bruitparif

La Butte aux Cailles – 3 juin 2020

La mairie veut donc encore une fois infliger aux Parisiens une double peine : payer pour subventionner une association d’amis de la mairie dont l’utilité n’a jamais été démontrée et, de surcroit, maintenir l’omerta sur la réalité et la gravité des nuisances sonores causées par de trop nombreux bars et restaurants, mais aussi par les attroupements en milieu ouvert (Canal Saint-Martin par ex.) notamment dans les quartiers dits « festifs ». Cela fait 10 ans que l’AMUON est privilégiée par rapport à Bruitparif (notre article).

Pourtant, les Parisiens concernés dénoncent depuis longtemps l’inutilité des interventions des Pierrots de la Nuit et réclament, au contraire, un large déploiement du dispositif Bruitparif.

Les effets positifs de l’action des Pierrots (AMUON) n’ont jamais été démontrés (notre article du 19 mai 2015) : si les nuisances perdurent ou croissent dans tous les sites notoirement noctambules, si elles apparaissent dans d’autres sites qui deviennent noctambules, c’est que cela ne marche pas. 

Anne Hidalgo en campagne à la Bellevilloise

Cela ne marche pas quoi qu’en dise Renaud BARILLET, le président de l’AMUON et propriétaire de plusieurs établissements, dont la Bellevilloise qui génère des nuisances sonores telles qu’une pétition a été lancée en 2019. Le même Renaud BARILLET est co-auteur d’un rapport inquiétant pour le compte du ministère des Affaires étrangères pour promouvoir le tourisme nocturne dans lequel on découvre cette phrase qui en dit long sur son manque de considération pour les riverains, victimes des nuisances sonores : « Les actions des associations de riverains à l’encontre des organisateurs d’évènements ou gérants d’établissements sont particulièrement dommageables, et ce alors que ces organismes ne représentent les intérêts que d’un faible nombre d’usagers. » Au vu des déclarations de son président, il est clair que l’AMUON ne saurait prétendre s’exprimer au nom des riverains victimes des nuisances sonores (notre article du 25 avril 2018). 

Ces riverains savent, eux, argumenter pour expliquer que jamais le dispositif des Pierrots de la Nuit ne marchera :
– 1/ la méthode est utopique en ce qu’elle prétend éduquer les usagers de la voie publique alcoolisés par des mimes et des danses ;
– 2/ la méthode est imparfaite en ce qu’elle prétend former les patrons des établissements qui ne demandent rien, nient mal gérer leurs établissements et surtout savent que, de toute façon, ils resteront impunis pour les troubles à la tranquillité publique liés à leurs établissements, ce qui est un fait avéré.

En revanche, l’association d’intérêt général Bruitparif offre les moyens :
– 1/ d’objectiver les nuisances par des capteurs (les méduses) qui n’enregistrent que les niveaux de bruit (et en aucun cas des données personnelles) ;
– 2/ de déterminer le niveau sonore généré par la vie nocturne par rapport au bruit ambiant ;
– 3/ de traiter finement les données collectées en vue de déceler le lien possible avec les commerces ou les attroupements en milieu ouvert ;
– 4/ de contribuer aussi à remédier aux nuisances par l’envoi de messages d’alertes aux responsables d’établissements et/ou aux autorités chargées (en théorie) des contrôles et par l’affichage public de l’intensité du bruit destiné aux usagers de la voie publique.

Y aura-t-il des élus pour empêcher que la mairie de Paris continue à s’enliser dans la politique actuelle et permettre la pose de plus de capteurs en donnant les moyens financiers à Bruitparif au bénéfice des Parisiens ?

10 Comments

  1. NORIE Françoise

    la différence choquante des montants des subventions accordées à BruitParif et aux Pierrots de la nuit objective parfaitement le manque de diligence de la Mairie de Paris qui néglige l’association permettant de donner des données incontestables des dommages subis par les riverains au profit d’une association dont l’action s’est révélée sans aucune efficacité.
    J’espère que les juges administratifs auront connaissances de ces éléments dans le cadre de la procédure lancée par le Réseau Vivre Paris.

  2. Anne

    Vous faites semblant de ne pas comprendre que, pour cette association, l’efficacité de l’action importe peu à la Mairie.
    Dans le temps, les Mairies entretenaient des emplois fictifs. Des hommes politiques ont été condamnés pour cela. Elles ont donc changé de procédé. Elles subventionnent désormais des associations de copains. Cela leur permet de contrôler ces associations, qui elles-mêmes ont un certain pouvoir d’influence. Et cela leur permet de caser des amis ou des soutiens, qui deviennent employés de ces associations. Cela a remplacé astucieusement le système des emplois fictifs… Et c’est moins risqué pour les mairies…

  3. Yann Hamard

    Et lorsque les restaurants et bars qui étaient hors-la loi en temps normal et qui ont discrédité la profession par leur comportement anti-riverains vont réouvrir après cette période difficile pour tous, ils vont encore plus se débrider et on (la Mairie en 1r!) nous objectera qu’ils ont tellement, les pauvres, perdu d’argent, qu’il faut les laisser nous pourrir la vie!
    RAS-LE-BOL!

    • Anne

      Cher Monsieur,
      La Mairie du Premier n’existe plus, mais vous aurez malheureusement la même réponse avec la nouvelle Mairie, puisque les lobbies des bars sont professionnellement organisés et influencent autant les hommes politiques de tous les bords…

      • Réseau Vivre Paris

        Yann voulait sûrement dire la Mairie de Paris en premier lieu. Mais cela n’enlève rien à vos propos fort pertinents.

  4. marabotti

    Peut-on espérer que cette mairie soit sensible aux véritables nuisances subies par ses habitants plutôt qu’au développement débridé de la fête sous les fenêtres des travailleurs, enfants et anciens ? Sait-elle qu’il y a encore des HABITANTS à Paris ? A moins que le souhait soit de les faire fuir. Est-ce cette stratégie qui expliquerait ce choix budgétaire incompréhensible ? Ne pas mesurer, ça évite d’avoir à faire face !

  5. Bébert

    Merci de nous éclairer sur toutes ces choses que l’on ne verrait pas sans vous. Au fait, à Barcelone, on n’entend apparemment plus parler des clowns. Honte à Paris de gaspiller l’argent des contribuables comme ça … Ce serait plus sain et glorieux de s’en servir pour développer des prestations artistiques auprès de tous ceux qui crèvent de solitude, notamment les ehpad, les centres d’hébergements des personnes en difficultés et autres.

    • Réseau Vivre Paris

      Nous sommes dans notre rôle de lanceurs d’alerte. Nous sommes choqués de voir l’argent du contribuable ainsi dilapidé. Et rassurez-vous, nous n’avons jamais fait de demande de subvention auprès de la Mairie.

      • Anne

        Oui… D’un côté, cette absence de subventions vous empêche un peu d’être efficace. Contrairement aux lobbies des bars, vous n’avez pas les moyens de vous faire entendre, d’employer des influenceurs professionnels, etc.
        D’un autre côté, vous verser des subventions serait une manière de vous contrôler…

  6. JL

    HEUREUSEMENT QUE BRUITPARIF EXISTE POUR OBJECTIVER LES DIRES DES HABITANTS! INVERSER LES SUBVENTIONS MONTRERAIT UNE RÉELLE VOLONTÉ DE PARTAGE HARMONIEUX DE L’ESPACE PUBLIC, je rêve….

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