Promesse pré-électorale de la Mairie de Paris ? Ou changement de politique face aux bars ? A suivre…

Dans un article du Parisien (C’est le grand retour des terrasses estivales) la Mairie de Paris annonce que 1 600 autorisations de terrasses estivales ont été accordées. Pour mémoire plus de 12 000 terrasses estivales avaient envahi les rues et places de Paris en 2021, causant de multiples nuisances (difficulté de déplacements sur les trottoirs, places de stationnement occupées, nuisances sonores, non-respect des horaires…). La Mairie avait utilisé la crise sanitaire pour justifier le cadeau fait au lobby des bars et de l’alcool. Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo maintient cette position : « ces terrasses ont toute leur place dans un contexte sanitaire qui nécessite la vigilance ». Belle excuse !

La Mairie annonce avoir reçu plus de 11 000 demandes à ce jour. Seules 4 000 ont été traitées à quelques jours de la date officielle de la saison estivale à la mode de Paris (1er avril – 31 octobre ! ). Le diable se cachant dans le détail, on peut lire ceci sur le site de la ville : « J’ai fait ma demande de terrasse estivale, quand puis-je m’installer ? Dès la réception du récépissé qui me permet de m’installer provisoirement dans l’attente de l’autorisation définitive après l’instruction de la demande par les services de la Ville, Préfecture et Maire d’arrondissement. » Donc, pas besoin d’autorisation pour s’installer sur le domaine public. Il suffit d’envoyer sa demande le plus tard possible, sachant la ville incapable de gérer les dossiers dans les délais, d’attendre un récépissé de demande et de s’installer, ce qui est en parfaite contradiction avec le règlement municipal. En effet l’article DG1 du nouveau règlement des terrasses et étalages (RET) rappelle la règle : « Toute occupation du domaine public viaire par une installation (…) est soumise à autorisation préalable délivrée par la Maire de Paris, après dépôt d’une demande auprès de ses services et après consultation pour avis du Préfet de Police et du Maire d’arrondissement. » Les Parisiens risquent donc d’être confrontés au chaos des deux dernières années.

Certains maires d’arrondissements (Paris-Centre, 9ème et 17ème par ex.) ont, semble-t-il, entendu leurs administrés (et électeurs) et ont « retoqué les établissements ayant provoqué trop de désagréments l’an dernier. » Ce qui est quand même la moindre des choses.

La Maire du 9ème arr., Delphine Bürkli, tout comme les Parisiens victimes des nuisances en tout genre, s’interroge : « la mairie de Paris aura-t-elle vraiment les moyens d’assurer les contrôles ? » La réponse d’Emmanuel Grégoire laisse songeur : « une vingtaine d’agents de la Direction de l’Urbanisme et la police municipale » seront chargés des contrôles. Au vu des débordements de l’an dernier, de l’indigence de l’appli DansMaRue, les Parisiens peuvent à nouveau craindre la pire.

Un autre article du Parisien (Le secteur Montorgueil sous haute surveillance) nous apporte un autre élément de réponse. Les bars semblent convaincus de leur impunité face à la loi. Le journaliste écrit que « nombreux sont ceux qui comptent frauder s’ils n’obtiennent pas d’autorisation formelle de la mairie. » Un gérant d’établissement n’hésite pas à dévoiler sa stratégie : « Il suffit d’attendre le passage de la police entre 17 et 18 heures, puis d’installer des tables pour le happy hour, et le tour est joué. » C’est bien ce que les Parisiens ont pu constater en 2020 et 2021.

Dans un article de 20 Minutes (Seulement 4.000 terrasses estivales validées par la mairie, contre 12.000 en 2021) le journaliste souligne « le silence assourdissant de la mairie de Paris », silence que nous déplorons depuis des semaines : impossible de connaitre la liste des autorisations de terrasses accordées. Elle ne sera communiquée que fin mars, bien trop tard pour faire des recours avant la mise en place des terrasses estivales.

Dans ce même article, Franck Delvau, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) de Paris Île-de-France, semble déplorer que les riverains se tournent vers leurs maires d’arrondissement pour leur demander de les protéger des nuisances générées par la profession qu’il défend . Que pense-t-il des pratiques illicites de certains établissements du Paris-Centre ? Et enfin on apprend que le même Franck Delvau n’est « pas sûr d’assister à la conférence de presse prévue » par la Mairie de Paris. A quel titre serait-il invité ?

Les Parisiens attendent de la Mairie de Paris, de sa police municipale et de la police nationale que les débordements dont ils ont été victimes deux années de suite ne se reproduisent pas et qu’il soit mis fin à l’impunité des bars.

5 Comments

  1. Un habitant de Montorgueil

    Scandaleux ces bistrotiers qui annoncent qu’ils vont frauder. Ceci démontre leur impunité totale devant la loi.
    Autre révélation… Dans une dépêche AFP Frank Delvau (syndicat UMIH) déclare qu’il a signé un accord avec la Mairie de Paris sur la mise à disposition de l’espace public. Le règlement des terrasses étant un arrêté municipal, on se demande bien ce qu’il a pu signer. La Mairie de Paris se couche devant les lobbies des bars et de l’alcool mais refuse d’entendre les Parisiens, victimes des nuisances générées par les amis de M. Delvau. Qu’a la Mairie de Paris à y gagner?

    • Anne

      Malheureusement, ils ne sont pas les seuls à frauder impunément. Dans ma rue, les vendeurs de fringues ou autres installent leurs étalages dehors sans payer le droit correspondant. Quand la police passe, ils reçoivent, rarement, une amende. Mais l’amende leur coûte beaucoup moins cher que le paiement du droit d’étalage, donc ils préfèrent frauder. Cela fait des années que c’est comme ça ! Ceci dit, ils génèrent infiniment moins de nuisances que les terrasses de bar…

  2. TE

    Ces terrasses sont l’expression d’un cynisme scandaleux qui consiste à prendre pour prétexte une épidémie qui a été une catastrophe pour l’ensemble d’une population, pour accorder arbitrairement un avantage tout à fait exorbitant à une catégorie. Ces terrasses estivales sont cauchemardesques pour les riverains qui, eux, ne pourront pas ouvrir leurs fenêtres pendant l’été pour que quelques gogos puissent boire une bière et fumer sous leurs fenêtres, elles gênent les commerces voisins, elles sont un enfer pour les passants et pour la circulation, elles créent de toutes pièces des distorsions de concurrence anormales entre les bars/restos (celui qui peut en installer une et celui qui ne peut pas), elles enlaidissent et salissent l’espace public et sont ni plus ni moins, et sans notre consentement, la privatisation de notre espace commun. Dans une ville dense comme Paris c’est une suffocation de plus. Dans une ville mal gérée comme Paris, c’est la prime à la loi du plus fort. Et au passage, il n’y a décidément qu’à Paris que l’été dure d’avril à novembre, ce qui prouve bien qu’il s’agissait avant tout d’accorder un passe droit à une profession chouchoutée. Au détriment de tous les autres. C’est, ni plus ni moins, un scandale, un abus de pouvoir.

  3. Jack

    le 10 avril j’irai offrir une terrasse estivale à Madame Hidalgo dans les urnes et avec le même mépris…..

  4. A.C.

    Ce cadeau (même s’il est cette année payant – très modérement!) de terrasses et contre-terrasses estivales fait aux bistrotiers est toute façon vicié à la base.
    D’une part, cela pérennise les terrasses éphémères « Covid » accordées, en période de déconfinement, pour aider ces pauvres exploitants (30% env. de chiffre d’affaires en moins mais, ô miracle, environ 8% de bénéfice supplémentaire grâce aux aides de l’Etat) et…. tous les Parisiens acceptaient car ils ont une bonne nature! Mais voilà, les exploitants maintenant considèrent que cet « éphémère » leur revient de droit, ils se considèrent comme des victimes (« misère, vous vous rendez compte, mon chiffre d’affaire va diminuer ») donc, l’extension des terrasses parfois en totalité sur les trottoirs, sans parler de l’amplification de la pollution sonore par une clientèle trop abondante, constitue pour eux une acquisition qui ne peut leur être contestée!
    D’autre part, en admettant que ces terrasses « estivales » soient acceptables , comment se fait-il que les demandes faites par les exploitants n’aient pas été arrêtées à une date limite (par exemple, fin décembre 2021 !) pour que les services de la Mairie concernés aient le temps d’examiner les demandes, voir si elles obéissaient au règlement et si l’établissement n’avait pas été déjà signalé pour ses débordements en tout genre. Or, les demandes continuent encore à arriver et les terrasses estivales doivent commencer le 1er avril …..! De qui se moque-t-on?
    Comment les habitants peuvent-ils croire que la Mairie fait réellement un travail de contrôle d’éligibilité à l’obtention d’une terrasse?
    Les exploitants eux-mêmes ne savent pas encore si leur autorisation va arriver ou non donc les plus honnêtes seront floués et les malhonnêtes passeront outre les autorisations et continueront allègrement à pourrir la vie des riverains, vu le nombre d’agents que nous annonce M. Emmanuel Grégoire. Là, oui, on peut y voir de la concurrence déloyale envers ceux qui , respectueux des lois et des personnes , sont les victimes de l’inconséquence de la Mairie.

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