Le Conseil de la Nuit s’est réuni en plénière le 7 mars pour faire le bilan de l’année 2017.

Au delà du satisfecit que s’est auto-accordé Frédéric Hocquard, adjoint chargé de la nuit, le Réseau « Vivre Paris! » a porté la voix des parisiens lors de cette réunion.

Anne Penneau, au nom du Réseau “Vivre Paris!”, a indiqué que les associations membres du Réseau « Vivre Paris! » n’ont constaté aucune amélioration, ce même dans les quartiers où la Ville fait des expériences de concertations. Elle a rappelé les graves préjudices de santé publique ainsi que la destruction du tissu social que cela crée dans les quartiers concernés et fait appel à un renforcement des actions de la Préfecture sans que s’éternisent des procédures de concertation :
Il est urgent de forcer le retour aux bonnes pratiques des établissements qui n’obtempèrent pas à des rappels à la loi. Nous ne cessons de le répéter :
– La concrétisation de la sanction est le levier pédagogique indispensable pour obtenir le respect des bonnes pratiques par des établissements récalcitrants.
– Il est inique d’en appeler au chantage à la faillite économique pour faire parade.
– Dans nos quartiers, les établissements se relèvent aisément des fermetures temporaires qui les touchent aujourd’hui le plus souvent avec parcimonie d’ailleurs.
– A supposer que le caractère bénéficiaire de l’activité d’un établissement dépende de la possibilité qu’on lui laisse ou non d’avoir des pratiques d’exploitation irrégulières en termes de santé publique (bruit, alcool), il n’y a rien de scandaleux au fait que ledit établissement soit contraint de mettre la clé sous la porte quand on lui demande de respecter ses obligations.
– Les mauvaises pratiques préfigurent un gouffre financier en matière de santé publique (penser aux risques générés par les pratiques nocives d’alcool, du stress des victimes des nuisances), de gestion (plus on laisse s’enliser les situations, plus il faut des moyens importants pour remonter le courant), d’aménagements (mobilier public détruit, déchets à ramasser, déjections à nettoyer).

Bertrand Lukacs, président de l’association des Riverains du Canal Sant-Martin, a quant à lui, a commencé son intervention en disant : “Si tout se passait comme on l’entend je pense qu’on n’aurait rien à dire. Le difficulté c’est que nous, notre bilan, il est très simple : au mieux c’est stationnaire, au pire ça s’aggrave et il y a plus de pire que de mieux.” Il a rappelé que le temps de la nuit (repos) n’est pas équivalent au temps du jour (activité) et que le bruit est la seconde pollution en terme de santé publique (« le bruit tue« ), en en référant à des études scientifiquement incontestables et en soulignant que tout aussi bien les salariés de l’économie de la nuit, que les noctambules et les riverains bien évidemment sont concernés par les effets nocifs des perturbations du rythme naturellement diurne de l’humain.
Il a souligné la formidable asymétrie des citoyens au regard de la réglementation. Il est très facile à un établissement de créer une activité qui va générer des nuisances… alors qu’il va être extraordinairement compliqué et long pour qu’un riverain victime de nuisances sonores puisse faire entendre ses droits. La solution : un circuit court comme à Rotterdam qui permet aux problèmes d’être traités dans les meilleurs délais.

Une nécessité et une demande du Réseau “Vivre Paris!” depuis des années : le mesurage objectif des nuisances sonores avec le déploiement d’outils développés et mis en place par BruitParif (les fameuses « méduses”). BruitParif manque cependant cruellement de crédit. Lorsque BruitParif touche 70 000€ de subventions de la Mairie de Paris, les Pierrots de la Nuit en reçoivent 100 000 et Culture Bar-Bars 30 000. Les priorités sont claires.

La Préfecture a annoncé 210 fermetures administratives en 2017 dont 60 seulement pour tapage nocturne. Au regard du nombre de messages et d’appels que nous recevons cela semble une proportion assez faible.
Frédéric Hocquard, évoquant la place de la République dont les riverains se plaignent des nuisances sonores, a annoncé qu’il n’y avait “seulement » 20 jours de concerts par an et que les habitants n’avaient donc pas lieu de se plaindre. Ils apprécieront.
En guise de conclusion Frédéric Hocquard nous a servi : « si vous habitez à Paris, vous devez accepter le bruit« . Il aurait pu ajouter comme Bertrand Delanoë il y a quelques années : « si vous n’aimez pas le bruit, allez vivre à Rodez. »