Les nuisances prennent de telles proportions à la Butte aux Cailles, que les courriers des habitants aux élus se multiplient.

Parmi les derniers, l’un était adressé aux élus de la Mairie centrale (et du conseil de la nuit), MM. JULLIARD et HOCQUARD.

Piètre réponse face à l’administré qui cherche à s’exprimer sur un sujet bien connu des élus saisis, puisqu’ils sont sollicités depuis plusieurs années par l’association Les Riverains de la Butte aux Cailles.

1. – Appel à l’aide de la victime

Dans un courrier initial une habitante, mère de famille et professionnellement très sollicitée, demande la protection des élus en expliquant qu’elle subit les nuisances du « Plug in café », établissement récent, qui a bouleversé le cadre de vie des alentours de la rue Gérard pour le mette au diapason d’un autre établissement de l’un de ses propriétaires, « La Taverne de la Butte » qui depuis plus de 10 ans persévère dans ses nuisances malgré des condamnations au pénal et la suppression de son autorisation de terrasse début 2017.

Le courrier commence ainsi :
A la recherche d’un sens d’intérêt général à la politique de la Ville : « Messieurs, La vie la nuit, les touristes et les étudiants sont une des priorités de la ville. Les médias en parlent, c’est bien connu.
Ce que l’on a oublié dans l’histoire, c’est qu’autour de ces bars, vivent les parisiens, ceux qui travaillent et qui payent de multiples impôts. Ce sont les mêmes qui ont leur réveil qui sonne le lendemain à 6h du matin, qui ne peuvent plus ouvrir leurs fenêtres, qui sont régulièrement gênés dans leur quotidien par les clients qui consomment à l’extérieur, qui ont des difficultés à endormir leurs enfants en raison de toute cette pollution sonore. Énormément de fatigue, parfois même la dépression pour certains. On parle de santé publique!
 »

Et il se termine ainsi :
Equilibrée sur les exigences en milieu urbain: « Je n’ai pas de soucis à être tolérante sur certaines soirées. Mais quand c’est quasi tous les jours, c’est inacceptable. »
Entre défiance (elle se plaint depuis longtemps sans réponse municipale appropriée) et espoir d’en être détrompée : « Je suis convaincue que je recevrai une réponse bien politique comme on vous a appris à le faire. J’aimerais, pour une fois, me sentir protégée par les élus dont je dépends. » (lire le courrier en entier)

Belle intuition de la victime des nuisances, puisque le chargé de mission qui travaille aux côtés des élus centraux lui répond ainsi :

2. – Réponse distante des élus qui connaissent la situation depuis des lustres de par des échanges réguliers avec l’Association des riverains au conseil de la nuit (voir notre article)

La proximité : « Bonjour Madame …, »
La compassion : « La situation que vous décrivez doit être effectivement difficile à vivre au quotidien. »
La mise à distance : « Pour répondre à votre demande :
Les élus référents nuit des mairies d’arrondissement ont la charge de mettre en place des actions de concertation locale afin de trouver les solutions appropriées. Pour le 13ème, il s’agit de Madame Nathalie LAVILLE, Adjointe chargée du commerce, de l’artisanat et des professions libérales : nathalie.laville@paris.fr – 01 44 08 14 46. »
La défausse : « Si vous rencontrez des problèmes avec un établissement spécifique, il est aussi important de faire une démarche auprès du commissariat de votre arrondissement afin que soit constitué un dossier.
Enfin vous trouverez sur le site de Paris.fr une page dédiée aux bruit et nuisances sonores : http://www.paris.fr/services-et-infos-pratiques/environnement-et-espaces-verts/agir-pour-l-environnement/bruit-et-nuisances-sonores-162
 »
L’ironie ou la condescendance : « En espérant avoir répondu à votre demande.
Bien à vous
. »

3. – Réponse de la victime

Refusant une proximité de façade : « Monsieur, »
Pointant l’insuffisance de la réponse des élus : « Mon mail a été envoyé à madame Laville.
En ce qui concerne les démarches auprès du commissariat, j’ai appelé plusieurs fois la police et j’ai appelé le soir même du mail que je vous ai adressé. Ils ne se déplacent même pas, ce que je peux concevoir étant donné le nombre de patrouilles disponibles et l’ensemble des cas qu’ils doivent gérer.
 »
Faisant référence à la notoriété du problème : « Je pense que mon mail et ceux des autres riverains du quartier, suffisent à prendre en considération nos requêtes. »
Sincère quant à ce qu’elle endure : « En ce qui me concerne, j’ai 10h de trajet par semaine, 50h de travail effectif et je suis maman. Je n’ai pas de temps à perdre au commissariat de police qui ne sera pas en mesure d’agir concrètement. »
Lucide sur l’absence de volonté politique de la Ville de protéger la Santé de ses administrés : « La politique de la ville ne dépend pas d’eux (désigne ici la police).
Visiblement, je dois donc me contenter d’une réponse formatée proche du copier-coller.
Je pensais très honnêtement, étant donné votre fonction, que je recevrai une réponse un peu moins générique.
Cordialement.
 »

CONCLUSION
Il est vraiment déplorable que l’on en soit rendu à une qualité aussi affligeante du dialogue avec les élus. L’association Les Riverains de la Butte aux Cailles peut en témoigner, que ce soit au niveau local ou à celui de l’arrondissement. Cela doit changer, suffisamment d’éléments du contexte de la vie politique devrait en alerter les élus et encouragent à persévérer.

NB : pour des raisons évidentes le nom de la victime n’est pas mentionné