Dans le cadre du Conseil de la Nuit une plénière à laquelle participait le Réseau « Vivre Paris ! » s’est tenue le 29 juin à l’invitation de Frédéric Hocquard, Délégué auprès du Premier Adjoint, chargé des questions relatives à la nuit.
Dans son introduction ce dernier souligne les avancées concernant le manifeste rédigé par la Ville et celles de l’APUR (Atelier Parisien d’Urbanisme, association loi 1901 créée en 1967 par le Conseil de Paris qui a pour missions de documenter, analyser et développer des stratégies prospectives concernant les évolutions urbaines et sociétales) en matière de cartographie des zones festives. Il a aussi annoncé lors de ses interventions que l’action des référents de nuit des mairies d’arrondissement seraient précisée et que les transports en commun devraient étendre leurs horaires en 2017 en attendant qu’il soit possible de circuler un jour durant 24 heures sur tout le réseau francilien (voir le vœu présenté au Conseil de Paris).
En réponse à des interventions, le conseiller délégué à la nuit informe les participants qu’il sera chargé de faire une communication sur la nuit au prochain Conseil de Paris (dans laquelle sera rappelé que la mairie allait engager 12 M € cette année pour développer une politique ambitieuse de la nuit) et ajoute « ces temps de communication au conseil sont rares, mais on a tenu à le faire ». D’ailleurs est glissée l’annonce de l’organisation par la Ville en 2017 d’une exposition sur les nuits parisiennes. Nous nous demandons si celle-ci est bien opportune et nécessaire ? Autre précision apportée, celle du renforcement du partenariat avec la Préfecture de Police reflétée par la création de commissions locales de régulation, sans qu’il soit mentionné si des associations de riverains seront associées à leur processus.
Après l’intervention du représentant du Préfet de Région qui a évoqué certains dispositifs financés par l’Île de France, le représentant du Préfet de Police a rappelé qu’il y avait des règles du jeu à faire respecter car « faire la fête, ce n’est pas s’alcooliser, c’est respecter les voisins. : la quadrature du cercle, comme il l’a mentionné, tout en indiquant que Frédéric Hocquard pense que sa résolution passe par des échanges avec des professionnels, point que nous ne partageons qu’avec beaucoup de nuances. Il n’empêche que curieusement les fermetures administratives d’établissements sont en baisse et sont passées de 230 en 2014 à 182 en 2015… du fait, selon la préfecture, d’améliorations des comportements professionnels et de fermetures plus longues…
Nous restons très dubitatifs sur cette analyse puisque nous constatons l’accentuation des nuisances dans de nombreux quartiers ainsi qu’une extension des sites touchés. Au fil des débats nous constatons un raisonnement assez paradoxal de la part de certains participants dont des élus. Par exemple, rien ne servirait de stigmatiser les établissements et chercher à obtenir des fermetures administratives puisque la plus grande consommation d’alcool serait due à l’alcoolisme de salon ou encore, seule une minorité d’établissements poserait problème, alors que des rues entières sont dominées par la mono activité des bars. Et encore à propos de cette minorité : il serait possible de ramener les exploitants dans le droit chemin, grâce notamment à l’action des Pierrots de la Nuit dont le Réseau « Vivre Paris ! » a souligné maintes fois l’inefficacité avérée et le coût pour la collectivité (lire notre article). D’ailleurs, a-t-il été affirmé, les nuisances que nous dénonçons n’ont pas lieu tous les jours, une modularité existe!
Matthieu Clouzeau, Directeur de la DPP (Direction de la Prévention et de la Protection) de la Ville prend la parole et apporte des précisions concernant sa nouvelle direction qui sera mise en œuvre en partie en septembre prochain et s’étalera en 2017. Il y aura un maillage territorial plus fin, dix et non plus six zones, dans le but d’assurer une présence aux heures et jours pertinents, le soir et le weekend. Il ajoute que l’action des équipes ne sera pas de réaliser des scores en matière de PV dont l’efficacité est relative (NDLR : compte tenu de la modicité du montant) mais plutôt d’assurer une présence, faire de la pédagogie et dissuader. Le Réseau « Vivre Paris ! » restant sur sa faim au fil des réunions du Conseil de la Nuit a demandé des explications complémentaires à Mathieu Clouzeau. Le réseau devrait les obtenir ultérieurement, puisqu’un accord de principe a été donné pour une réunion en septembre.
D’autres annonces sont faites par la mairie, telles la création de« groupes «actions » (tourisme, manifeste, formation, orientation (?), la mise en place d’un comité des noctambules avec des membres tirés au sort, la réalisation déjà en cours d’une cartographie des endroits festifs, dont celle sur les comas éthyliques, l’appel à projets « réinventer la Seine », ainsi qu’une campagne de sensibilisation Canal Saint-Martin, à la Villette et Oberkampf… Nous découvrons qu’une commission de régulation de la vie nocturne ayant pour but un accompagnement par les syndicats pour mettre en œuvre les préconisations allait être créée. Il sera intéressant de savoir ce que l’on entend par là et quel syndicat professionnel aura vocation à y siéger.
Quant à la mesure du bruit qui va être réalisée par Bruitparif grâce à des capteurs installés dans des endroits ciblés de la capitale, il est clairement indiqué que ce ne sont pas « des capteurs anti-fêtards », mais un outil de concertation et d’éducation avec possibilité d’extension dans toute la ville.
Divers autres points de moindre importance sont évoqués. Mais un bilan 2017 de toutes ces actions retient, lui, toute notre attention. Il faudra être très vigilant sur la méthode de cette évaluation et les interprétations qui pourront être faites (cf la baisse des fermetures administratives entre 2014 et 2015 et le bilan d’évaluation « Coopaname » sur l’action des Pierrots de la Nuit et notre analyse).
Le Réseau « Vivre Paris ! » considère que toutes ces annonces tous azimuts créent un certain flou du fait même de nombreuses imprécisions et d’une efficacité qui reste à prouver car au final notre demande qui reste toujours la même est que nous nous voudrions pouvoir dormir.
Frédéric Hocquard a beau jeu de conseiller le livre d’Antoine de Baecque intitulé « Les nuits parisiennes » dont il ne partage pas cependant les conclusions, il oublie de préciser en effet que les noctambules dont il est question dans l’ouvrage qui jouaient selon les époques aux cartes dans des hôtels particuliers, ou s’affichaient en dandy ici et là ou bien s’encanaillaient dans les cafés-concert, dans les cabarets et les bars de Montmartre, puis dans les caves de Saint-Germain-des-Prés, ou au Bus Palladium, étaient plus respectueux des règles et du droit au sommeil de leurs concitoyens que ce que l’on constate aujourd’hui.
Le Réseau « Vivre Paris! » a remis à Frédéric Hocquard son manifeste européen pour une régulation de la vie nocturne élaboré à l’occasion de la 2ème réunion organisée par le Réseau Européen « Vivre la Ville! » et intitulée Nuisances sonores nocturnes : les citoyens européens se mobilisent.
A lire la communication présentée au Conseil de Paris concernant la politique parisienne de la vie nocturne.
Des questions se posent à la lecture de document qui est consacré essentiellement à la promotion de la vie nocturne et non à sa régulation.
Quelle ventilation des « près de 12 millions d’euros engagés pour une politique ambitieuse en faveur de la nuit parisienne » ? :
– combien pour la bonne santé économique des exploitants divers et variés ouvrant pour leur propre compte d’exploitation ?
– combien pour la bonne santé physique des Parisiens qui travaillent pour le développement économique de la nation ?
A cet égard, s’agissant des habitants de Paris, nous nous étonnons d’une formule figurant sur le site de paris.fr : « em>La Ville va engager près de 12 millions d’euros pour mener une politique ambitieuse en faveur de la nuit parisienne. Cette dynamique, présentée au Conseil de Paris de juillet 2016, s’organise en lien avec tous les acteurs du secteur, les associations de riverains et les Parisiens. » La formulation retenue, « les associations de riverains et les Parisiens« , laisse entendre qu’il s’agirait de deux sous-ensembles sans rapports entre eux, ce qui renverrait à une conception étrange de la représentativité des associations dont l’Hôtel de Ville fait pourtant grand cas.
12 millions dépensés pour augmenter les nuisances nocturnes ! 12 millions qui iront tout droit dans des poches privées, entrepreneurs de la nuit et restaurateurs. La mairie connait-elle la notion d’intérêt public ? Sait-elle qu’il y a aussi des habitants à Paris ? Elle ne s’en rappelle qu’au moment des élections, où fleurissent les fausses promesses. Assurément cette inflation délibérément encouragée des nuisances nocturnes ne figurait pas dans les promesses affichées de Mme Hidalgo.
Si la mairie de Paris a de l’argent à dépenser, qu’elle pense à tous les Parisiens qui sont gênés par le bruit de métro et de RER, et qui ne pourront donc plus dormir du tout lorsque les transports en commun circuleront plus tard, voire toute la nuit.
Merci pour ce texte qui montre bien que… les élus ne tiennent aucun compte des Parisiens et des associations qui les défendent, que seule les intéresse la promotion de vie nocturne … Qui en profite? Certainement pas les habitants qui n’en peuvent plus !
J’aime bien la couverture du livre d’Antoine de Baecque : elle nous montre des noctambules bien policés! Quel contraste avec les hordes barbares de clients gueulards et hyper-éméchés!