De nombreuses et nombreux candidats aux élections municipales semblent penser que notre lutte n’est pas électoralement porteuse. Dans les publications officielles, dans les programmes ou dans les comptes rendus de mandat, rares sont les déclarations clairement et pragmatiquement engagées en faveur de nos objectifs, à savoir le droit de dormir la nuit et de circuler sans entrave sur l’espace public le jour. A lutter avec acharnement et sans compromissions, le Réseau « Vivre Paris ! » a réussi pourtant à s’imposer. Depuis deux ans, les articles, les émissions, les interviews sont beaucoup plus fréquentes. Avec les mairies, les administrations, et même avec les élus, les contacts et les échanges se sont multipliés. Le réseau a fait du chemin depuis ces Etats Généraux de la Nuit de 2010 à l’Hôtel de Ville où les associations fondatrices de Réseau étaient parvenues à la tribune et ont largement été applaudies par un public très concerné. Aujourd’hui, nous ne passons plus inaperçus, en particulier auprès de ceux qui sont aux affaires.
Que dire, donc, des deux têtes de liste à Paris, Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet qui n’ont pas offert à « Vivre Paris ! » une vision claire de leurs positions et ont implicitement refusé de répondre au questionnaire comportant huit questions phare qu’il leur avait adressé ? Pourquoi n’ont-elles pas répondu ? S’agit-il d’un travail insuffisant sur le terrain de notre part? Les candidates ont-elles une connaissance insuffisante du réseau « Vivre-Paris ! » ? Pourtant, nous les avons beaucoup sollicitées, elles et leurs équipes. Etait-ce alors une position de principe de ne pas répondre ? Dans leur attitude à notre égard on pourrait faire l’hypothèse d’une certaine méfiance ou d’une appréhension. Bien évidemment, notre questionnaire n’est pas passé inaperçu. Répondre ou non, le problème a dû être discuté. Et si la non réponse a été dans le sens d’une abstention volontaire, elle pourrait traduire la crainte de s’engager vis-à-vis de nous.

C’est qu’un réseau d’associations comme le nôtre est un drôle de phénomène. Les organisations actives dans notre société sont rarement neutres politiquement, elles sont amies ou ennemies, donc faciles à classer. Avec nous, qui mettons en avant et garantissons notre neutralité, les politiques ne peuvent jamais savoir où ils vont aboutir. Les intérêts que nous représentons sont diffus, tandis que ceux que nous bousculons sont clairement apparents. Notre légitimité est évidente. Certes, la plupart des visiteurs se promènent, demandent une chaise pour s’asseoir en terrasse autorisée, une table pour poser un verre ou une assiette dessus. Ce sont des demandes légitimes. Pour autant, demander à ceux qui les servent de ne pas rendre la vie des habitants impossible est une exigence tout aussi légitime. Nous sommes là pour mieux faire concilier ces demandes. Mais, en fait, nous représentons encore beaucoup plus. Et c’est là aussi que le bât blesse l’élu. Le philosophe allemand Jürgen Habermas reconnait aux associations un potentiel pour faire évoluer la société. Participer au pouvoir, ou rester totalement à l’écart, ne permet pas, pense-t-il, de faire œuvre de transformation de la société. Ce sont les associations qui ont la liberté de penser et d’agir autrement. Les associations libèrent le champ de l’avenir. Ainsi implicitement nous revendiquons pour nous le rôle de ferment de la société et du coup nous le contestons peut-être un peu aux élus.

Alors, que pouvons-nous opposer à cette méfiance ? Faudrait-il dire aux deux candidates : Mesdames, ne craignez rien. Vous représentez vos électeurs. Nous, nous sommes le complément indispensable. Le pays se fait le jour et la nuit. Des petits génies inventent peut-être de l’inédit dans le brouhaha de leur tanière nocturne, mais l’immense majorité des gens travaillent et vivent le jour. Les enfants ont besoin de dormir la nuit, les adultes aussi et il n’y pas que des handicapés qui ont du mal à circuler sur les trottoirs de Paris. En les défendant, le Réseau « Vivre-Paris ! » lutte pour l’avenir, cherche à inventer de nouvelles formes de vivre ensemble. Nous nous engageons pour les habitants. Vous aussi, vous pouvez vous engager pour défendre la santé, le travail, le bonheur des Parisiens. En ce sens, vous ne prendriez pas de grands risques à consacrer quelques mots à la lutte contre les nuisances, notamment nocturnes, dans une publication officielle, dans un programme ou dans un compte rendu de mandat. Mais, que vous répondiez ou non à notre questionnaire, le réseau « Vivre-Paris ! » ne décrochera pas.

Le communiqué de presse du Réseau « Vivre Paris ! » en pdf