Article paru le 29 octobre 2018 sur le site de l’association Marais-Louvre
La récente condamnation par le tribunal d’instance d’un locataire qui doit rembourser à son propriétaire la totalité des gains empochés illégalement durant 7 ans (plus des dommages et intérêts fixés à 2 000 €) en ayant loué via Airbnb un appartement qui ne lui appartenait pas, est une nouvelle illustration de l’industrie florissante des plateformes de location saisonnière. Un gain rapide peu taxé car pas toujours déclaré qui peut arrondir bigrement des fins de mois difficiles comme des bourses déjà bien garnis.
Les habitants des centres villes, en particulier à Paris mais aussi ceux dans d’autres villes d’Europe font état d’un mal grandissant devenant de plus en plus insupportable. Certains commencent à quitter leurs quartiers, quasiment chassés qu’ils sont par les touristes et autres fêtards qui ont envahi leurs immeubles, ont transformé leur quotidien et sont source d’une évolution non souhaitée de leur quartier. Les commerces de bouche et traditionnels ont céder la place aux enseignes de mode et aux bars avec des terrasses bruyantes,les valises à roulettes au bruit insupportable encombrent l’espace.
La mairie de Paris a commencé à bouger mais tardivement. Elle n’a pas voulu voir, malgré les mises en garde, les dangers de la montée des locations saisonnières et de son soutien inconditionnel à faire de Paris la capitale d’Europe dédiée à la fête, surtout nocturne, avec toutes les conséquences prévisibles que tout un chacun doit malheureusement subir aujourd’hui. Baisse de l’offre de logements, montée des nuisances liées au bruit (la nuit en particulier) avec ses effets dévastateurs sur la santé touchée aussi par l’explosion de l’alcoolisme chez les jeunes et la consommation de drogue. Parallèlement le constat est sans appel sur l’insécurité et la malpropreté partout prégnante. Développer le tourisme est louable pour notre économie, mais il ne doit pas se développer de façon anarchique.
Les incantations des élus sont sans grand effet et les contrôles sur les locations saisonnières présentés à grands renforts de publicité arrivent non seulement bien tard, mais ont des effets très limités tant le mal est instillé partout ! Il faudra mener une politique d’une autre ampleur, davantage écouter les Parisiens, pour contenir ces évolutions et réduire l’emprise tentaculaire de leurs conséquences multiples. Le tribunal ne s’est pas trompé en infligeant une amende exemplaire qui doit sonner comme la glas de la fin de partie. Sera t-il entendu ?
Dominique Feutry, président de l’association Marais-Louvre
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