En début de semaine nous découvrons que la Mairie de Paris est à la recherche d’un chef de projet pour faire la promotion des nuits festives parisiennes pour un salaire de 265 000 € par an, soit plus que le Président de la République ou le Premier Ministre ! Cette offre d’emploi en dit long sur les priorités de la Mairie.
En fin de semaine nous apprenons par une dépêche AFP reprise sans analyse par de nombreux média que la Mairie de Paris a décidé de prolonger les horaires des terrasses estivales jusqu’à 23h00 du 21 juin au 14 septembre, en contradiction avec le règlement des terrasses (RET) qui stipule une fermeture à 22h00.
Les maires d’arrondissement ont-ils été consultés et ont-ils donné leur accord à cette extension des horaires?
Selon l’adjoint au commerce, Nicolas Bonnet-Ouladj, l’extension horaire a été décidée après concertation avec les professionnels qui étaient « très demandeurs ». La Mairie de Paris ne peut rien refuser au lobby des bars et restaurants. Mais elle refuse tout aux Parisiens qui sont « très demandeurs » de nuits de sommeil non perturbées par les nuisances sonores nocturnes générées par les terrasses.
On apprend même que le lobby des bars demandait une prolongation jusqu’au 1erseptembre et que la Mairie de Paris leur a accordé jusqu’au 14 septembre, soit deux semaines de plus (!). Décidément rien n’est trop beau pour les bistrots. L’élu (communiste) privilégie le tiroir-caisse des bistrots à la santé des travailleurs, des écoliers, des collégiens, des lycéens, des étudiants.

L’adjoint avance l’argument économique. Il fait valoir la « situation difficile » pour les cafés et restaurants. Il est permis d’en douter quand on voit les terrasses bondées. L’article DG5 du RET est pourtant très clair : « Le commerce doit posséder une autonomie de fonctionnement, permettant d’exercer son activité principale à l’intérieur de l’immeuble, de s’y tenir, d’y recevoir sa clientèle ». Nicolas Bonnet-Ouladj n’est pas à une contradiction près.
Les associations et collectifs de riverains sont choqués par la brutalité de cette décision qui démontre, une fois de plus, le mépris de la Mairie de Paris envers ses administrés et sa docilité envers le lobby des bars et de l’alcool.
Cette décision vient en contradiction avec une toute récente décision du Tribunal Administratif qui souligne l’importance de cette fermeture à 22h00. (jugement N°2127337/3-3, Association Réseau Vivre Paris contre Ville de Paris, décision du 8 avril 2025).
« D’autre part, il ressort des pièces du dossier que, pour remédier aux nuisances liées au fonctionnement des restaurants et débits de boisson, la maire de Paris a élaboré un nouvel arrêté du 11 juin 2021 portant règlement de l’installation des étalages et terrasses sur la voie publique ainsi que des contre-étalages et contreterrasses, des commerces accessoires aux terrasses et des dépôts de matériel ou objets divers devant les commerces et des terrasses estivales qui prévoit notamment, pour les terrasses dites estivales, exploitées d’avril à octobre, une interdiction d’exploiter après 22 heures. »
Excellente analyse !
Merci pour cet article qui montre bien que la Mairie se fiche et se contre-fiche de ses administrés.