La tranquillité publique pèse bien peu au regard de la fête nocturne encouragée par la mairie

La Ville de Paris vient de publier contre toute attente un appel à projets pour « de nouvelles nuits parisiennes ». Une décision surprenante dont il n’a pas été touché mot lors du dernier Conseil de la Nuit (groupe « Tranquillité publique ») qui s’est tenu le 13 février et auquel l’association Réseau Vivre Paris! participait. Les associations de riverains avaient pourtant compris après cette réunion qu’il était question d’une meilleure prise en compte des problématiques des nuisances nocturnes. Mais voilà, chasser le naturel, il revient au galop ! 

Cet appel à projet sorti du chapeau le 28 février est ainsi rédigé sur le site de la mairie Paris.fr: « Pour les noctambules, la nuit est un moment de détente, de fêtes, de rencontres, de découvertes, d’activités culturelles ou sportives. Pour le plus grand nombre, les nuits parisiennes proposent une offre riche et variée avec 13 000 bars et restaurants, 150 discothèques, 300 spectacles par semaine dans 130 salles, 50 équipements sportifs ouverts jusqu’à minuit, des grands parcs ouverts 24h/24 en période estivale, des berges de Seine où pique-niquer, des lieux éphémères, etc…

Depuis 2014, la Ville de Paris développe une politique de la vie nocturne fondée en concertation avec l’ensemble des parties prenantes au sein du Conseil de la Nuit.  Afin d’enrichir la diversité et l’accessibilité de l’offre d’activités nocturnes, la Ville de Paris vous propose de contribuer à l’appel à projets « les nouvelles nuits parisiennes » …. L’appel à projets a pour objectif de favoriser la diversité et l’accessibilité de l’offre d’activités nocturnes à Paris, tout en respectant le bien-être des habitants. »

Bien entendu afin de rendre le projet plus acceptable il est spécifié parmi les points mis en exergue que les projets devront notamment « … préserver le sommeil et la tranquillité des riverains… avec une attention particulière apportée aux projets mis en œuvre dans les quartiers populaires et/ou s’adressant à leurs habitants. Une enveloppe de 50 000 € est prévue, soit 10 000 € maximum par projet retenu. » 

Cette décision qui semble unilatérale n’est pas de bon augure pour les associations qui visent à protéger les Parisiens des dérives actuelles de la vie nocturne. L’équipe municipale, obnubilée par la fête et les noctambules français et étrangers fréquentant la capitale, ne porte qu’un semblant d’intérêt pour les nuisances provoquées par la fête la nuit, en particulier le bruit. Les 50 000 € alloués à ce projet sont à mettre en regard de la subvention versée annuellement par la Ville à Bruitparif, 70 000 €, afin d’identifier les sources de bruit dans le but de pouvoir réduire les nuisances (voir notre article récent). Rappelons aussi que cet appel à projet vient s’ajouter à la longue liste des études menées pour développer à tout prix la fête nocturne à Paris. Nous avons eu en 2015 le rapport du Ministère des Affaires étrangères pour « faire de la vie nocturne à Paris un facteur d’attractivité » rédigé, sans concertation avec les habitants ou leurs représentants, par des professionnels des débits de boissons (voir notre article). Puis le rapport de 2017 destiné à la Maire de Paris sur « la nuit LGBT à Paris » rédigé par Jean-Luc Roméro, sans compter aussi les nombreux rapports et études établis par des spécialistes de la nuit, experts, sociologues etc… qui ont agrémenté régulièrement les états généraux de la nuit puis les conseils de la nuit.

Malgré cela, la ville n’a jamais pris en matière de tranquillité publique nocturne que des mesurettes, là où il fallait agir fermement et en urgence. Est-il encore besoin d‘accroître le nombre déjà très élevé de bars, restaurants, discothèques, spectacles et salles accessibles la nuit?

Pourquoi la mairie n’indique-t-elle pas dans son appel à projet des limites horaires acceptables, ainsi que les points précis à prendre en considération afin de garantir la tranquillité des habitants ? 

Pour l’équipe municipale les nuits parisiennes restent en fait un axe stratégique fort, au mépris de la tranquillité réclamée depuis des années par les habitants et les associations qui les représentent. Elle n’écoute pas les Parisiens et les associations représentatives des habitants? Habitants, soulignons-le une nouvelle fois, qui sont aussi des électeurs…

9 Comments

  1. Julia

    Je n ecrivais pas dans le but de vous convaincre mais plutot de ne pas vous faire oublier que la tranquillité et l espace publique ne fait pas parti des préoccupations principals des jeunes parisiens(ennes) qui eux aussi representent des habitants(es) electeurs(trices). Julia

  2. Julia

    Ou peut etre que si justement la mairie comprend les attentes et fait plutôt le pari de la jeunesse. Julia

    • Réseau "Vivre Paris !"

      Nous avons parmi nos membres des jeunes qui se lèvent tôt le matin et des jeunes parents dont les enfants (et eux-mêmes) souffrent du manque de sommeil troublé par les nuisances sonores nocturnes. La question n’est absolument pas générationnel, contrairement à ce que vous semblez insinuer.

      • Julia

        Je ne parle pas de vous ni de vos adhérents, je parle du pari pris par la mairie. Je lis souvent vos différents blogs et sites et vous oubliez que la jeunesse habite et vote aussi a Paris et qu elle est nombreuse. Julia

        • Réseau "Vivre Paris !"

          Dire que la jeunesse est l’avenir est une tautologie. La Mairie de Paris ferait mieux de s’occuper de l’ensemble des habitants de Paris et non de telle ou telle communauté.

      • Julia

        La question est aussi générationnelle si !!!! ne pas vouloir le voir est un déni , et je ne confronte les 2 , je dis juste que la mairie fais plus le pari de la jeunesse (les 18 30 ans que beaucoup ne considèrent pas comme votant ou aillant de convictions ) pour qui la tranquillité et l espace public n est vraiment pas une priorité . Julia

        • Réseau "Vivre Paris !"

          « La tranquillité et l’espace public ne sont vraiment pas une priorité » pour les 18-30 ans jusqu’au jour où ces mêmes 18-30 ans n’arrivent pas à étudier ou ne sont pas performants au travail du fait de sommeil troublé. Ou bien quand ces 18-30 ans deviennent parents et que leurs enfants sont victimes de troubles du sommeil. Ou lorsque ces 18-30 ans n’ont plus 18-30 ans et ont envie de dormir la nuit.
          Le fait d’avoir entre 18 et 30 ans ne donne pas le droit d’empêcher les 0-18 ans et les plus de 30 ans de dormir. Ces deux tranches d’âge représentent d’ailleurs une énorme majorité qui n’a pas à subir les excès d’une minorité. Une société ne saurait fonctionner de la sorte. Nos élus doivent en être conscients.

  3. Parisienne

    Décidemment, la Ville de Paris ne comprend pas les attentes des parisiens en termes de protection de leur tranquillité la nuit.

  4. Nadine

    Pas cool pour les parisiens qui se lèvent tôt pour aller travailler.

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