La manifestation de septembre à la cité de la mode, qui a tenu lieu de précédente plénière du conseil de la nuit visait à promouvoir une ville où la nuit est comme le jour, donc aussi agitée et bruyante alors que :
– Toutes les données médicales qui montrent en quoi l’Homme est un animal diurne.
La Cour Européenne des Droits de l’Homme condamne les États dont les institutions ne sanctionnent pas les atteintes à la tranquillité publique : le droit de se reposer à son domicile est un droit fondamental protégé par depuis 2004.

Madame Hidalgo, quant à elle, connait depuis longtemps les doléances des habitants des quartiers dits « festifs » : de par son mandat précédent et par le fait que le Réseau « Vivre Paris! » l’a saisie au stade de sa candidature pour l’actuelle mandature et, pouvons-nous penser, par les comptes-rendus que ses adjoints lui communiquent.

Sur le site de la Mairie de Paris on lit : « Depuis plusieurs années, les nuits parisiennes connaissent un regain de dynamisme avec l’ouverture de nouveaux lieux festifs, la multiplication des festivals, le développement de lieux éphémères et la reconquête des espaces publics par les noctambules. Une politique dédiée à la nuit a été mise en place par la Ville de Paris avec la création du Conseil de la nuit et du Comité des Noctambules« .

Mais les victimes des nuisances nocturnes attendent toujours les mesures qui les protègeraient réellement.

Aucune évolution ne peut aujourd’hui être validée par le Réseau « Vivre Paris! » :
– Les moyens de la Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection (DPSP) censée prendre en charte les incivilités et certains aspects de la tranquillité publique sont maigres;
– La régulation par les Pierrots de la nuit n’a jamais pu être démontrée ni évaluée sérieusement;
– Les réunions des groupes du conseil de la nuit sont infructueuses, sans aucun travail un tant soit peu précis (2h30 par groupe 2 fois par an), une plénière annuelle où la parole des riverains est confisquée ou presque, cependant que les élus étalent devant la presse des déclarations peu en phase avec leurs actions.

En réalité, le fonctionnement du conseil de la nuit illustre l’ambiguïté des politiques publiques face aux lobbies de l’économie de la nuit, qui a été dénoncée dans rapport de la Cour des comptes publié en 2016 et intitulé « Les politiques de lutte contre les consommations nocives d’alcool », le rapport Kopp ayant quant à lui montré l’ampleur de la catastrophe représentée par les pratiques actuelles de consommation nocives d’alcool en 2015.

En 2017, les associations de riverains ont voulu en alerter la maire de Paris et ont cherché à se faire entendre hors cadre des réunions du conseil de la nuit. Madame Hidalgo en personne a été saisie par le bureau du réseau « Vivre Paris ! » au printemps. Demande longtemps ignorée, avant qu’un rendez-vous ne soit accordé avec le chef de cabinet de l’époque, nous permettant certes de nous exprimer, mais manifestement pas d’avoir été compris : l’entretien ultérieur, qui avait été promis, n’a jamais pu avoir lieu.

Outre l’incongruité du remplacement de la précédente plénière par l’hymne à la ville 24/7, lors de la dernière réunion du groupe tranquillité de février 2017, le président du conseil de la nuit, M. Hocquard allait-il témoigner d’un changement ? Que nenni.
Certes, il a dit quelques phrases plus appuyées que d’habitude sur le fait qu’il faudrait tenir compte des riverains, mais il n’a pas manqué de :
– Montrer son désaccord à propos d’un arrêté anti-alcool récent pris dans le 18ème arrondissement.
– Affirmer explicitement qu’il n’y aura pas une augmentation du budget alloué (70 000 € l’an dernier) à BruitParif pour la mise en œuvre des expérimentations du dispositif « méduses » qui permet d’identifier objectivement les établissements causeurs de nuisances. Lorsque BruitParif touche 70 000€ de subventions de la Mairie de Paris, les Pierrots de la Nuit en reçoivent 100 000 et Culture Bar-Bars 30 000. Les priorités sont claires.
– Rejeter la proposition d’un affichage plus clair à Canal Saint Martin où, depuis des années, de tapages insupportables pour le voisinage et de pollution du site (déjections, déchets) : « on est déjà suffisamment clairs ».
– Manifester son intérêt pour l’introduction d’un principe d’antériorité contre lequel le Réseau « Vivre Paris !” s’est toujours vivement élevé. Tout le monde ici sait pourquoi. (voir notre article)

Concernant l’ouverture du conseil de la nuit pour étudier des modalités plus rapides d’intervention auprès des établissements problématiques, ce serait une bonne chose si la méthode était à la hauteur. C’est-à-dire que le cabinet de Madame la maire se serait attelé à élaborer un projet qui aurait été destiné à créer un modèle à suivre par élus référents-nuit. Mais non, on demande aux associations de se concerter avec ces élus alors qu’il est notoire qu’une grande majorité d’entre eux délaisse cet aspect de leur mandat. Ce n’est pas sérieux.

Dans de telles conditions, il ne faut pas que la Ville s’étonne que le Réseau « Vivre Paris ! » appelle, comme bilan du conseil de la nuit, à un renforcement des actions de la Préfecture sans que s’éternisent des procédures de concertation. Il est urgent de forcer le retour aux bonnes pratiques des établissements qui n’obtempèrent pas à des rappels à la loi.

Nous ne cessons de le répéter :
– La concrétisation de la sanction est le levier pédagogique indispensable pour obtenir le respect des bonnes pratiques par des établissements récalcitrants.
– Il est inique d’en appeler au chantage à la faillite économique pour faire parade.
– Dans nos quartiers, les établissements se relèvent aisément des fermetures temporaires qui les touchent aujourd’hui le plus souvent avec parcimonie d’ailleurs.
– A supposer que le caractère bénéficiaire de l’activité d’un établissement dépende de la possibilité qu’on lui laisse ou non d’avoir des pratiques d’exploitation irrégulières en termes de santé publique (bruit, alcool), il n’y a rien de scandaleux au fait que ledit établissement soit contraint de mettre la clé sous la porte quand on lui demande de respecter ses obligations.
– Les mauvaises pratiques préfigurent un gouffre financier en matière de santé publique (penser aux risques générés par les pratiques nocives d’alcool, du stress des victimes des nuisances), de gestion (plus on laisse s’enliser les situations, plus il faut des moyens importants pour remonter le courant), d’aménagements (mobilier public détruit, déchets à ramasser, déjections à nettoyer).

Le Réseau “Vivre Paris!” ne peut que réitérer sa demande pour une nuit pour tous, équilibrée, durable et respectueuse des parisiens. Tout ou presque reste à faire.