Conseil de la Nuit : « tout ça pour ça? »

clubbingLa séance plénière du Conseil de la Nuit a eu lieu le 21 octobre. Pour les riverains le compte n’y est pas. Le « tout pour la fête » continue. En début de séance il était assez symptomatique de voir tous ces membres du lobby de la nuit claquer la bise aux élus et tout ce petit monde se tutoyer. Les riverains sont les victimes de cette trop grande proximité.

Le Réseau « Vivre Paris! » a bénéficié d’un temps de parole de cinq minutes (lire notre intervention) et a fait à chaud une critique point par point des propositions de la Mairie de Paris.

Les annonces faites par M. Hocquard ne nous satisfont pas comme le détaille notre analyse.

Il se confirme que la Ville n’offre pas un projet de Ville durable, ne regarde pas en face les désastres annoncés d’une nuit qui se prolonge toujours plus, pour un nombre de noctambules croissant et avec un nombre croissant de salariés obligés de travailler la nuit. Une nuit qui déborde sur la voie publique. Une nuit qui, par l’enthousiasme de nos élus à la promouvoir et à brider l’application de la réglementation normalement applicable, fait le nid de comportements antisociaux. On en paie déjà les frais. Avec des effets sur la Santé pour les riverains voisins des établissements, les salariés de la nuit, les noctambules frappés par l’addiction à l’alcool. Ce n’est qu’un début. Mais tout ce que nous avons dit pendant les groupes de travail sur ces risques qui n’engagent pas que les riverains, mais la société toute entière reste ignoré par la Ville, à tout le moins tellement marginalisé qu’il y a une contradiction flagrante entre les proclamations de nos élus pour le développement durable et leurs actes.

Dès lors, nous sommes certes d’accord avec certaines mesures telle la campagne contre l’hyper alcoolisation ou les conduites à risques, mais qui pourrait être contre ?
La pose de sondes et le mesurage des bruits, qui satisfont une de nos demandes, sont sujets à caution comme le précise notre analyse.
Des Brigades Vertes promises par la candidate Hidalgo il y a deux ans, pourquoi pas? Il serait judicieux de se demander pourquoi l’expérience du 11ème s’est soldée par un échec cuisant : cette expérience est stoppée depuis plusieurs mois mais la mairie centrale ne semble pas au courant. Et on nous parle de concertation et de communication ?

Mais de nombreux autres points ne recueillent pas notre accord.
La Mairie de Paris propose une charte de la nuit parisienne : proposition inconsistante et qui n’est certainement pas destinée à accroitre la protection des riverains. Pourquoi gaspiller temps et énergie à un simple rappel de la réglementation ? En quoi engagerait-t-elle ses signataires? Des sanctions en cas de manquements seront-elles prévues? Quand on voit que même dans leur bon droit, reconnu par la justice, les riverains victimes du bruit n’arrivent pas à obtenir gain de cause (voir notre article) que vaudrait une charte et comment serait-t-elle opposable aux contrevenants ?
L’extension des transports le week-end est encore un exemple du « tout pour la fête ».
La promotion de la nuit aux frais des contribuables fait des Parisiens des victimes d’une double peine : ils vont payer pour amener encore plus de touristes nocturnes qui les empêcheront de dormir. Il est surprenant d’entendre que la nuit parisienne a besoin de subsides publics alors que Paris est la première destination touristique mondiale. Selon M. Bruno Blanckaert, président de la chambre syndicale des exploitants de discothèque, la nuit parisienne se porte comme un charme : quatre des cent meilleures boîtes de nuit sont à Paris, près de 800 établissements parisiens ont une autorisation de nuit après 2 heures. Et il nous a été dit lors de la réunion que la nuit parisienne était le troisième au monde derrière Ibiza et Los Angeles. Pourquoi cette profession qui a l’air de se porter si bien a-t-elle besoin de l’aide du contribuable pour faire ses campagnes de pub ?
D’entrée de jeu, M. Hocquard a sorti de son chapeau l’élection d’un représentant des usagers. Ce point n’a jamais été débattu ni même évoqué dans les 18 réunions de groupes de travail en amont de ce Conseil de la Nuit. Bonjour la démocratie participative ! M. Hocquard a bien eu du mal à définir ce qu’était un usager la nuit. Il a bredouillé quelques exemples : un noctambule, quelqu’un qui utilise les services de nuit… Bref tout le monde est un jour ou l’autre un usager de la nuit : un pompier, un policier ou une infirmière (tous de service de nuit), un chauffeur de Noctilien, un éboueur, Mme. X qui sort en boite, M. Y. qui doit se rendre aux urgences au milieu de la nuit… Tous des usagers de la nuit. Il y a toutes les probabilités que cet usager soit en fait un faux-nez du lobby de la nuit. Donc, non merci.
Le Réseau « Vivre Paris! » le dit à nouveau : « Oui à la fête, mais une fête régulée. Un modèle durable de la fête, respectueux de son environnement. »

Le Parisien du 22 octobre a consacré une pleine page au Conseil de la Nuit.

Nos amis de Vivre le Marais! ont également publié un article sur leur blog.

6 Comments

  1. FD

    Vous ne trouvez pas d’autre solution pour dynamiser Paris que de vendre la capitale aux touristes, aux fêtards? Vous oubliez simplement que l’argent du contribuable émane des Parisiens qui travaillent et ont besoin de trouver du calme, de la tranquillité, chez eux et dans leur environnement. Or la vie parisienne est devenue invivable, les incivilités croissant avec le laxisme des autorités et la volonté politique de faire un Paris fêtard. Irrespect des voisins dans les rues et les cours d’immeubles, nuisances des restaurants, cafés et autres lieux ouverts tard, nuisances sonores des métros ( vibrations ! : la ligne 12 par exemple avec des roues qui font bcp de bruit – donc on est contents d’avoir une relâche de ces bruits et nous ne voudrions pas subir ces nuisances jusqu’à 2 ou 3 heures du matin ni tout au long de la nuit !!!! ), insouciance, négligence, irrespect des voisins qui dorment…
    Plus vous favorisez l’activité des fêtards (cafetiers, restaurateurs, boites de nuit, teuffeurs, technos en tous genres sur des bateaux ou dans les bois et plus vous vous moquez des habitants « normaux » : ceux qui travaillent, ceux qui paient des impôts en se serrant la ceinture, ceux qui se lèvent de bonne heure, ceux qui n’ont pas droit à la panne d’oreiller au risque de se faire virer.
    Vous oubliez que 8 heures de sommeil sont indispensables et conseillées par les autorités de santé pour rester en bonne santé et favoriser son immunité… Préférez -vous augmenter les dépenses de soins ( sécurité sociale), augmenter les consommations de somnifères ? etc..
    Quant aux petits matins lendemains de fêtes (toutes les fins de semaine, et même d’autres jours), regardez les dégâts (ouf, vous avez mis des balayeurs pour nettoyer les dimanches matin ; je les plains car ce qu’ils trouvent est indigne!). Inévitablement associés à la « fête » : vomissures dans la rue, pisse, vomissure même dans les immeubles, jeunes qui hurlent car bourrés, fracas des bouteilles jetées dans les poubelles la nuit, hurlements des jeunes qui sont imbibés d’alcool, de cannabis et autres drogues, augmentation de la consommation de drogues, agressions au petit matin pour demander de l’argent…
    Vous feriez mieux d’investir dans la Recherche, l’Industrie, afin de relancer des vrais emplois (et pas ceux de dj et autres pseudo artistes de la nuit – juste des décadents !). Bien triste cette conception de l’activité économique !
    Bien triste aussi pour les habitants que vous ne protégez pas ( les effectifs de Police sont insuffisants, les amendes jamais appliquées, etc.)
    Vous voulez rivaliser avec Ibiza ? Votre ambition n’est pas digne d’une capitale. Vous oubliez les vraies valeurs de l’Economie. Vous engagez l’argent de nos impôts (durement gagné dans un monde du travail redoutable) dans des dépenses inutiles et stupides.
    Toutes les actions que vous avez vaguement tentées (les clowns pour faire taire les consommateurs aux terrasses etc.) ne sont que des mascarades pour masquer votre incapacité à gérer les vrais problèmes. Capteurs de bruits chez l’habitant : comment voulez-vous mesurer des bruits de techno qui traversent les murs ou les fenêtres, sans toutefois atteindre un niveau de décibels important, mais qui sont redoutablement énervants, impossibles à masquer?
    Il faut au contraire restaurer le respect des autres, n’autoriser des fêtes que dans des endroits complètement isolés phoniquement (caves etc.), inciter les habitants et touristes au calme et au respect de la tranquillité des autres, inciter au travail et pas à la débauche.

    • Buresi fabrice

      Commentaire un peu violent tout de même, fêtards anormaux,. artistes décadents… Une vision un peu tendancieuses, voir haineuse de notre société. Je vous rappelle Fd ,que le réseau vivre paris débat de ces sujets complexes avec les mairie de Paris, la préfecture de police de paris et divers instances représentatives des gens presques normaux. Sachez que je vous déconseille de quitter paris,la province française est envahie d étudiants anormaux parfois décadents et de musiciens bruyant et aussi décadents. Je vous propose afin de pallier á la déliquescence du pouvoir politique,de monter votre propre partie,la ligue de défense des gens normaux ou éventuellement le mouvement des antidecadents. Bien á vous,on se croise devant un autodafé.

      • Réseau "Vivre Paris !"

        Les propos de FD ne sont pas mesurés en effet. Mais ils sont ceux d’une personne en souffrance. Si cette personne a été réveillée à de multiples reprises la nuit, s’il lui a été dit de déménager quand elle s’est plainte, si ses plaintes n’ont pas abouti, elle s’est trouvée confrontée à une forme de violence que l’on retrouve dans ses propos. Nous recevons régulièrement des témoignages de telles victimes. Il ne faut minimiser pas leur détresse.

        • Yannis

          Nous comprenons tous la réaction de FD. Tous ceux qui habitent à côté d’un bar ont eu, une nuit ou l’autre, l’envie d’ouvrir leur fenêtre en hurlant leur exaspération et de balancer des seaux d’eau pour obtenir le silence. Nous ne passons pas à l’acte et utilisons la parole pour expliquer ce que nous vivons et tenter d’améliorer les choses : pourrait-on au moins nous écouter sans ricaner ? Merci au site du réseau de nous permettre de nous exprimer.

  2. Jean-Louis BERNARD

    Bien sûr les prochaines municipales sont dans longtemps, bien après que la majorité des fêtards d’aujourd’hui auront quittés notre quartier. Ce n’est pas une raison pour ne pas rappeler à nos élus que la quasi totalité des teuffeurs ne votent pas à Paris tandis que les habitants électeurs seront toujours là.

  3. CDT

    Ainsi donc les membres du lobby de la nuit et les élus se pètent la bise au vu et su de tout le monde ? Mais dans quel monde vivent ces élus pour ne pas se rendre compte de l’image détestable qu’ils donnent ? Comment peuvent-ils ne même pas avoir l’intelligence d’être discrets ? On comprend que le lobby de la nuit fasse étalage de ses « bonnes relations » avec la Mairie, c’est son boulot, mais l’inverse est indigne, déplorable et préoccupant.
    En tout cas, ce n’est pas de ce côté-là que les riverains risquent de trouver du soutien. Si on en doutait encore, le nombre de « nouvelles » mesures qui existent déjà et ont largement prouvé leur inutilité est là pour s’en convaincre.
    Quant à ces histoires de nuits festives, ces élus ont-ils seulement réfléchi un peu sérieusement à la moyenne d’âge du public qu’ils ciblent ? Il suffit de discuter un peu autour de soi pour vite comprendre que dès qu’ils ont un boulot prenant, un ou des enfants, ou simplement passé 30 ans, les jeunes, aussi désireux de s’amuser soient-ils, sont beaucoup moins enclins à se déchaîner des nuits entières dans des hauts lieux de la vie nocturne. Conclusion, en comptant large et parce que ce n’est certainement pas aux clubs du 3e âge et aux « vieux » touristes que pensent nos élus-adolescents, le public visé, c’est la tranche d’âge 20-30 ans. Ça fait pas vraiment beaucoup. En revanche, question nuisances…

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